Locales 2022. Pour une Médina Autrement (2ème partie) A) ÉDUCATION : état des lieux Synthèse de Gallo Thiam Coordonnateur du “Forum numérique de la Médina”

Sur les problématiques abordées par le comité Ad hoc du forum de la Médina, figure en pôle position l’Éducation, secteur très sensible, complexe et multisectoriel. Aujourd’hui, dans les dispositions actuelles du code des Collectivités, le secteur de l’Éducation, une compétence transférée aux Communes, joue un rôle moteur, prépondérant dans le développement socio-économique du pays. D’où toute la pertinence pour vous présenter sommairement les conclusions du comité Ad hoc du Forum dans ce domaine.

Après un diagnostic sans complaisance les membres dudit comité ont dressé un certain nombre de maux concernant la situation de l’école, à la Médina. Le listing en dit long : une inefficacité du système éducatif, un taux d’échec alarmant, un investissement quasi-inexistant en intrants pédagogiques pour accompagner les personnels enseignants ; s’y ajoutent les perturbations dues à la destruction d’écoles et le transfert des élèves qui, du coup, ont perdu tous leurs repères.

La cartographie des infrastructures scolaires à la Médina s’établit comme suit : le préscolaire   (5 écoles ), le primaire public (9 écoles), le secondaire public (2 Collèges d’enseignement moyen), le  privé secondaire  (4). Ces différents établissements seraient fréquentés par près de 10.000 élèves. Le complexe de la Médina, elle, avec ses 4 000 à 5000 élèves, enregistre-t-il le plus faible taux de réussite scolaire du Sénégal ? En tout cas, une rupture s’est opérée par rapport à l’ancienne génération : le niveau des élèves s’y est totalement dégradé, de mal en pis.

Les raisons inhérentes à ces mauvaises performances proviendraient, sans que cela ne soit exhaustif, la démission des parents, la désillusion ou le manque d’implication de la Commune dans la  définition de programmes adéquats pour prendre en charge l’éducation de tous les enfants dès l’âge de 3 ans et ce, jusqu’à leur majorité en les rangeant en différentes catégories d’âge, c’est à dire : 3/6 ans ; 6/12 ans et 12/20 ans pour un suivi plus efficace.

Le comité Ad hoc du forum déplore qu’aucune disposition n’est prise pour la mise en place de classes maternelles. Si nous saluons la construction récente de “Cases des Tous Petits”, à l’actif de la mairie, il faut noter qu’il ya pas moins de deux à trois ans, seuls les enfants de 6 à 12 ans étaient scolarisés. Un grand nombre d’enfants de cet âge sortent prématurément du système éducatif. Aucun dispositif n’est mis en place  pour éradiquer l’analphabétisme, avec des programmes et encadrements adéquats, pour assurer à ces jeunes de 12 à 20 ans de savoir lire et écrire.

Autre chose déplorer par le Comité, le très peu de jardins d’enfants existants lesquels relèvent tous du secteur privé. Le contraire est à prouver. Le rôle dévolu à une collectivité est de veiller à ce que tous les enfants soient accueillis dès leur bas âge dans ces classes maternelles, aidés et appuyés en fonction de  leur situation familiale et leurs capacités personnelles respectives.

Une défaillance dans l’encadrement des enfants qui sont livrés à eux-mêmes à la sortie des cours à 13 heures. Ils se retrouvent la plupart du temps embarqués dans les salles de jeux à la recherche de baby-foot ou autres activités ludiques non recommandées.   C’est là, irréversiblement, une porte ouverte à des dérives et à l’école buissonnière. Un cercle infernal dont beaucoup d’enfants ne peuvent plus en sortir et finissent par tomber dans la délinquance juvénile.

Un manque de moyens et d’intrants pédagogiques modernes.  Bon nombre d’enfants arrivent à l’école insuffisamment équipés de fournitures et matériels scolaires  (livres, cahiers etc), pas habillés convenablement, souvent maladifs,  parfois sans prendre le petit-déjeuner. C’est le lieu indiqué pour magnifier les actions initiées par des fils de la Médina pour apporter des solutions. Nous devons respecter les droits inaliénables de l’enfant que sont : l’éducation, la santé et la nourriture.

Un système éducatif théorique et sclérosé. Avec les évolutions sociologiques et technologiques, le modèle éducatif a changé, et les enseignements dispensés sont devenus plus théoriques que pratiques, donc inadaptés aux besoins des pays en voie d’émergence. La faiblesse de l’apprentissage et la promotion des filières techniques empêchent nos enfants de sortir de l’école avec des compétences, surtout ceux qui ne disposent pas de capacités de poursuivre l’enseignement général.

Un modèle d’excellence mis en mal. L’école Médine a toujours été un creyset d’intellectuels, un pôle d’Excellence : jadis, elle fournissait beaucoup cadres à l’Etat du Sénégal. La détection de ces talents dépendaient, d’une part, de la qualité et de l’engagement des enseignants et, d’autre part, de l’implication des parents et de solides valeurs de solidarité intergénérationnelle.

Le manque de référentiel  et de modèles de réussite. Malgré le foisonnement des talents reconnus et personnalités issues de la Médina, les références sont aujourd’hui, et malheureusement, les lutteurs et autres chanteurs. Difficile pour nos enfants de rêver à d’autres modèles car, pour la plupart d’entre eux, l’école n’est plus une vitrine pour réussir dans la vie. Et pourtant l’école ouvre jusqu’à présent de nombreuses opportunités et offre un terrain favorable à l’émergence de talents.  

(A suivre)

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